Qu’est-ce le design inclusif ?
Un design est qualifié d’inclusif s’il prend en compte la diversité de l’Homme. Ses capacités motrices et cognitives, mais aussi son lieu de résidence, son âge, son genre, sa langue, le matériel utilisé… Les particularités de chacun sont intégrées dans le processus de création, dès la phase de réflexion.
Ainsi, un maximum d’utilisateurs peut visiter un site web ou une application mobile sans se sentir limité, discriminé voire exclu. Le design inclusif aspire à être équitable plus qu’égal. Il n’ajoute pas des fonctionnalités spécifiques pour une tranche de population en particulier, cette approche pouvant être perçue comme stigmatisante.
Par exemple, l’accès à de nombreux bâtiments se fait par un escalier de quelques marches, à côté duquel se trouve une rampe à destination des fauteuils roulants et des poussettes. Le design inclusif fait en sorte de ne pas compartimenter les utilisateurs selon leurs particularités, en proposant un accès unique et accessible à tous : résoudre pour un, étendre à tous, c’est ce que l’on appelle l’effet bateau. Plusieurs perspectives convergent vers un même point.
Outre cette dimension de pluralité, le design inclusif reconnaît aussi les évolutions à l’échelle individuelle : nos besoins et capacités propres changent dans le temps (le vieillissement, l’invalidité temporaire ou permanente) et selon notre environnement (un soleil éblouissant, un enfant dans les bras, un hall d’aéroport).
Design accessible, design inclusif : quelles différences ?
Un design accessible remédie à des déficiences (troubles et handicaps moteurs, auditifs, visuels, cognitifs) en appliquant des normes nationales, européennes ou internationales, à l’initiative des gouvernements et des industriels.
Par exemple, il est conseillé d’associer un texte alternatif à une image ou de permettre une navigation sans souris, uniquement au clavier. Le World Wide Web Consortium (W3C) édite les Web Content Accessibility Guidelines (Référentiel Général d’Accessibilité pour les Administrations), un document listant toutes les recommandations pour un web plus accessible.
En France, les services numériques qui émanent d’une organisation publique sont tenus d’offrir des interfaces accessibles. La révision de la loi du 7 octobre 2016 Pour une République Numérique énumère les points à respecter.
Mais une interface accessible n’est pas le gage d’une expérience conviviale et équitable. Pour qu’un site soit vraiment utilisable par tous, il faut pousser la conception au-delà des handicaps. C’est là que le design inclusif intervient.
La conception universelle invite à changer de point de vue, afin d’inclure un maximum d’internautes. La finalité : écarter tout sentiment de frustration ou d’exclusion. L’exclusion peut être permanente, temporaire ou situationnelle. On distingue plusieurs pôles, à savoir la vision, le toucher, l’ouïe, la parole et la compréhension.
Prenons le pôle de la vision. Être aveugle ou malentendant constitue une exclusion permanente, avoir un problème à la cataracte est temporaire, se trouver dans le noir situationnel.
L’exclusion peut aussi venir d’une déficience structurelle ou matérielle. Tous les internautes ne sont pas équipés du dernier iPhone, avec un accès à la 4G ou à la fibre optique.
L’exemple des emojis : une nouvelle forme d’expression inclusive.
Consortium Unicode est l’organisation chargée de créer et développer les emojis, elle propose chaque année des nouveautés. En 2019, la palette s’était enrichie de diverses représentations des handicaps (fauteuil roulant, chien-guide, prothèse auditive…).
La cuvée 2020 est une belle démonstration d’inclusion et de diversité. On y trouve des couples hétérosexuels comme homosexuels (avec la possibilité de choisir la couleur de peau de chacun), une personne non-genrée qui donne le biberon à un nourrisson, un homme en robe de mariée, une femme en costard, une femme portant le hijab, et même un ninja !
Conception inclusive : l’empathie, une qualité humaine indispensable.
Afin de créer des interfaces inclusives, le designer doit être doté d’une profonde empathie. C’est en interrogeant les points d’exclusion (pourquoi et comment certaines populations sont-elles mises à l’écart ?) et en reconnaissant ses propres biais et préjugés qu’il sera vraiment en mesure de se mettre à la place de l’utilisateur final, quel qu’il soit.
Pour arriver à ces fins, il est nécessaire d’impliquer différents profils dans les phases de réflexion, de conception et de tests. Plus une équipe est variée, plus le produit final est susceptible d’être inclusif !
Créer des personas qui couvrent un large panel d’internautes aide aussi à explorer différentes perspectives. Mieux vaut catégoriser ces personnages fictifs en fonction de leurs besoins, et laisser de côté leurs handicaps. Cela permet de considérer un éventail de déficiences plus large, aussi bien permanentes, temporaires que situationnelles.
Le design inclusif, des bénéfices éthiques et économiques.
Associé à l’accessibilité numérique, le design inclusif exige une profonde remise en question : il pousse à concevoir autrement les interfaces, mais aussi à porter un regard différent sur le monde. De quoi stimuler la créativité d’un designer ! Ses efforts seront récompensés, puisque adopter un design inclusif comporte de nombreux avantages.
Un site web inclusif ouvre la porte à des milliers voire des millions de nouveaux utilisateurs. L’entreprise bénéficie d’une meilleure image : les personnes habituellement écartées perçoivent et apprécient cette démarche d’ouverture.
Ce qui est important pour les internautes l’est aussi pour Google. C’est pourquoi le moteur de recherche favorise les sites inclusifs dans son indexation. Vous bénéficiez d’un meilleur référencement naturel et donc d’une hausse de trafic.